Le cycle de Vénus

La plupart des séries d'Edgar Rice Burroughs ont été lancées dans les années 10, une décennie de créativité et d'enthousiasme. Rien qu'en 1912, Edgar Rice Burroughs donna naissance à un mythe, Tarzan, et au premier héros récurrent de la science-fiction, John Carter. Deux ans plus tard, il entraîna le lecteur au cœur de la Terre. Une seule série d'importance vit le jour après 1920 : le cycle de Vénus.

Il se compose de trois romans, d'un recueil de nouvelles et d'une nouvelle isolée.
On peut se demander le pourquoi d'une nouvelle série. Nous sommes en 1931. Le monde des pulps a radicalement changé depuis les débuts de Burroughs. Il n'est plus le jeune écrivain plein de fougue, mais le modèle dont s'inspirent de nombreux auteurs. Les imitations de John Carter foisonnent, que ce soit sur Mars ou sur de lointaines planètes. Et bien sûr, Vénus. Citons au moins deux séries se déroulant sur cette planète : The Radio Man de Ralph Mine Farley (1924) et The Planet of Peril (1929) d'Otis Aldebert Kline (qui a été par ailleurs l'agent littéraire de Robert E. Howard).

Une envie de se diversifier, de marquer un point contre la concurrence ? Toujours est-il qu'en 1931, ERB s'attaque à l'écriture de Pirates of Venus. Cette fois, ce n'est pas par un pouvoir magique que le héros se rend sur Vénus, mais à bord d'une fusée. Alors que Carson Napier voulait se rendre sur Mars, suite à une erreur de calcul, il se retrouve sur Vénus. Le lecteur attaché à la plausibilité scientifique ou au réalisme technique grincera forcément des dents. Ce sont toutefois deux termes totalement étrangers à Burroughs.

De la même façon qu'il utilisa l'image romantique de Mars (la planète moribonde, les canaux, etc.) Burroughs fit appel à l'idée qu'on pouvait se faire de Vénus : un monde continuellement nuageux, avec des forêts gigantesques. Comme toujours, cette image perdura longtemps dans la Science-fiction, même bien après qu'elle ait été réduite à néant par les avancées scientifiques.

Mais la réalité de la planète Vénus intéressait peu Burroughs. Ce qu'il voulait, c'était un nouveau cadre pour laisser libre court à son imagination et fixer ses propres règles, une démarche plus proche de la Fantasy que de la Science-fiction.

Le schéma employé est on ne peut plus classique : Carson Napier se retrouve chez un peuple en guerre et s'éprend de la princesse, qui ici s'appelle Duare. Mais très vite, des différences apparaissent avec John Carter. Carson Napier n'accède jamais à une position de pouvoir et ne se fixe pas en un endroit précis. Plus encore que dans les autres séries, le héros est en perpétuel mouvement, que ce soit pour tenter de rejoindre un endroit précis ou, bien sûr, retrouver sa belle qui a été capturée. Le titre du deuxième tome Perdus sur Vénus peut ainsi résumer tout le cycle.
 
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© Michel Vannereux